samedi 7 mars 2009

Le Canal Panama

C’est plus de 13 000 transits de bateaux en tout genre.
C’est 50 miles à parcourir, environ 30 mètres de dénivelé (30 mètres de montée et 30 mètres de descente) et 6 écluses à franchir : Gatun (3 écluses), Pedro Miguel (1) et Miraflores (2).
1 nuit et 1/2 journée de transit pour un voilier.

Pour « affronter » le canal de Panama certaines exigences sont à respecter comme d’avoir à son bord le skipper, soit Philippe, et 4 handliners qui assurent les manœuvres d’aussières dans le canal (pour les néophytes, ce sont les 4 personnes placées aux 4 coins du bateau et qui ont en charge le réglage des amarres au fur et à mesure que le niveau de l’eau varie dans les écluses) et 1 advisor, il s’agit d’un pilote agréé par le canal qui vous donne les consignes et s’assure que tout se passe bien.
Nous avons donc constitué une équipe de choc en ayant à notre bord Thierry d’Alofi, qui avait effectué la veille un transit parfait, et Gaby et Richard de Riga2. Nous ne pouvions espérer meilleure compagnie pour cette étape importante.

NOTRE CANAL c’est beaucoup d’émotions, des portes qui se ferment sur l’Atlantique et qui s’ouvrent sur le Pacifique, la promesse d’un nouveau monde et donc d’un nouveau voyage. C’est un mélange d’appréhension et d’impatience en regard des mastodontes de 300 mètres avec lesquels nous partagerons les écluses et du mythe dont nous rêvons depuis déjà quelques temps.
Mais c’est d’abord de la technique, au même titre qu’un méga cargo nous prenons rendez-vous avec un « mesureur » qui évalue la taille et la capacité du bateau à passer le canal. Première bonne nouvelle car ma toute nouvelle promotion au titre de co-skipper, par Philippe parti 2 jours passer le canal avec nos amis Alofi, me permet d’assurer la responsabilité de cette 1ère étape. Pas de problème jusqu’au dernier moment, la dernière question fatidique : « dans quel sens tournent vos hélices ? » Heu, heu … Zut, je vais être recalée à mon examen ! Heureusement cette question n’était pas éliminatoire et elle s’est terminée par « No te preocupes, Virginia » OUF !
Mais c’est aussi de l’aventure car l’étape suivante est la banque. Le seul problème : un obscur différent entre un consortium de containers chinois et la marina avait entraîné la veille, l’arrivée des bulldozers et des grues qui avaient presque totalement obstruée l’accès à la ville. Qu’à cela ne tienne, avec une bonne paire de tongs et Emma sur le dos, nous avons escaladé les grillages et containers, nous nous sommes glissés dans les fossés et sommes arrivés 5 minutes avant la fermeture de la banque ! Ouf la partie pratique de mon examen vient s’ajouter à mon succès dans la partie théorique.

Le plus dur était fait, il ne restait plus qu’à effectivement « transiter le canal ». Là comme vous pouvez le voir sur le film ci-dessous, l’équipe masculine s’est motivée et a commencé à me soulager en prenant les choses en main.

Le rendez-vous étant pour le lendemain nous restait les derniers préparatifs à effectuer, principalement l’installation des bâches et pneus de protection, repas et apéritifs rituels des veilles de grands événements.
Mowgli avec son habit de Panama
Dernier repas au restaurant
Nous levons l'ancre, samedi à 17h00 ....
Et un petit verre pour fêter ça ...
Samedi 19 heures : nous tournons en rond au point de rendez-vous en attendant notre pilote officiel. Celui-ci arrive à 20 heures et nous dirigeons vers les 1ères écluses distantes de 5 km. Juste avant d’y arriver, 2 autres bateaux (monocoques) viennent s’attacher, un de chaque côté, et nous formons donc un « radeau » de 13 mètres de long et 12 mètres de large. Nous sommes le bateau du milieu, c’est donc à Philippe que va revenir la responsabilité des manœuvres au moteur d’entrée, sortie et autres évitements. Par-contre si les 2 autres bateaux n’ont plus aucune responsabilité des manœuvres, c’est à eux que va revenir le maniement et réglage des amarres au fur et à mesure que nous montons ou descendons dans les écluses.
Arrivée sur la 1ère écluse de Gatùn
Fermeture de la 1ère porteBref un peu de tension, surtout que suite à du retard parmi les cargos nous avons du attendre 1h30, attachés tous ensembles avant de pouvoir entrer dans la 1ère écluse. Finalement après 3 fois 1/2h pour 3 écluses, nous sommes dans le lac intermédiaire et prenons une bouée pour la nuit, il est minuit. Un bon repas avec Richard, notre Chef italien et à 2h30 tout le monde au lit.
Dimanche 6h00 du matin : c’est déjà l’heure ? Et oui notre nouveau pilote arrive dans 1/2h et après un petit déjeuner sous les cris des singes hurleurs, c’est reparti. Cette fois-ci après le dépucelage d’hier nous sommes plus sereins.
On commence par 2h de navigation pour traverser le lac Gatún et 1h dans le Gaillard Cut, grand couloir de plusieurs km creusé dans l’isthme. A midi, nous reformons le même radeau qu’hier et en 1h30 redescendons les 3 écluses, de Miraflorès vers le Pacifique.
13h30 : 5, 4, 3, 2, 1 ! TOP !!! Nos étraves sont dans le Pacifique et quelques secondes plus tard, bonne nouvelle, nous aussi. Embrassades, cris, photos, émotions, Philippe me prend dans ses bras et m’embrasse, je suis rassurée ! Il a même laissé notre bateau sous la conduite de Thierry pour cette toute dernière écluse et nous avons pu profiter en famille de ces quelques grands moments.
Il ne nous reste plus qu’une petite heure de moteur, le passage sous le mythique pont des Amériques et nous voilà mouillés à la « Playita de Amador » face à Panama City.
Nous reverrons le lendemain notre pilote dans sa lancha officielle de surveillance du port qui comme la veille vient redemander à Philippe s’il peut m’emmener avec lui (je n’arrive pas à savoir si c’est pour mes charmes ou soyons plutôt réalistes, il a semble t’il adoré notre repas d’hier). J’ai cru voir un instant d’hésitation dans le regard de Philippe ! Il va falloir qu’on en parle !!!
Philippe & Richard rangeant les aussièresEmma pressée de retrouver Manon & PaulPhilippe & Thierry sous le pont des Amériques
Film du transit



Un grand bravo à mon skipper préféré pour sa maîtrise des opérations et un énorme merci à Gaby, Richard et Thierry pour ces formidables moments partagés.

D'ici 2 ou 3 jours nous partirons pour les Galapagos, nous espérons y arriver après 8 jours de mer. Alors à plus tard pour de nouveaux récits mais dans le Pacifique ...