mardi 21 juillet 2009

TAHITI

27 juin au 14/07/09. TAHITI

A moi la civilisation, les magasins, les librairies, les gens, le bruit, la rue …. De temps à autre j’ai besoin de retrouver le tumulte d’une ville et de sentir ses rumeurs, ses humeurs qui trainent au coin des rues. Saisir ces ambiances différentes, les gens au marché de Papeete, les gens qui dînent aux roulottes (l’une des seules sorties nocturnes), les gens qui déambulent, les contrastes entre vie moderne et habitude culturelle…

Même si la ville de Papeete peut décevoir certains, pour nous elle nous a apporté de grandes satisfactions et la découverte de l’île vaut son pesant d’or. Tahiti est une destination à ne pas négliger et contrairement à ce qui peut se dire, les tahitiens se sont montrés très chaleureux même à Papeete. Spontanément ils échangent avec vous : besoin d’un renseignement, d’une bonne adresse, pas de problème on se plie en 4 pour vous rendre service. Nous aurons même avec Emma le privilège d’être accompagnées au bon coiffeur, pas question que l’on se trompe d’adresse !!! Alors le résultat vous plaît ?


Cette étape sera divisée en 3 parties :

1ère partie : les travaux sur Mowgli
Commençons donc par les choses moins agréables. Vous connaissez les 12 travaux d’Hercule, eh bien nous avons testé les « 12 travaux de Philippe » : réparation du désalinisateur avec l’aide d’un professionnel, changement échelle de bain et pose de caches en PVC, installation d’une nouvelle antenne VHF et d’une nouvelle antenne AIS, nettoyage et démontage de l’anémomètre et de l’aérien de la girouette, réparation d’un plancher de la coursive, changement des joints de la cabine de douche, réparation de la mèche de safran, sortie de Mowgli pour carénage, changement des anodes et dernier exploit et pas des moindres, réparation à lui tout seul de la machine à laver.

20cm de marge de chaque côté pour entrer Mowgli dans le travel lift ... nous avons même du retirer les pare-battages qui ne passaient pas !!!
Quand le marin devient artiste ... A la marina de Taina : sommes-nous véritablement sur un territoire français ?
2ème partie : initiation aux rites tahitiens
Après tout cela vous comprenez bien que mon cher et tendre mari avait besoin de se changer les idées, défoulement garanti avec ces charmantes vahinés.
Philippe s’étant pris d’une affection particulière pour le tamouré (danse polynésienne) ou ne serait-ce pas plutôt pour les vahinés, nous avons assisté à plusieurs spectacles de danse : 2 spectacles réputés au sein de grands hôtels et surtout summum des summums, une soirée de l’Heiva. L’Heiva est le concours annuel des meilleurs groupes de danse de toute la Polynésie, ce soir là nous aurons la chance de voir les gagnants de l’année précédente et croyez-moi voir une centaine de danseurs et danseuses sur la piste ondulant aux mêmes rythmes lents ou effrénés dans des tenues multicolores, c’est tout simplement vertigineux. On comprend mieux la fascination des marins du Bounty et les raisons de cette mutinerie.Emma quant à elle n’est pas en reste en adoptant la tenue et la couronne de fleurs indissociables de ces iles. Bon maintenant il ne me reste plus qu’à convaincre Philippe d’arborer le fameux pagne en coco ou à défaut le typique paréo !!!

3ème partie : visite de Papeete et de Tahiti
Outre la traditionnelle visite de l’ile où comme je vous le disais précédemment les paysages sont très escarpés, nous aurons droit au passage à gué d’un barrage. Jean-Paul, tu penses bien que Philippe trépignait et face à l’hésitation du conducteur du 4x4, il s’est immédiatement proposé pour prendre le volant. C’est bizarre mais nos amis d’Ohana n’étaient guère enthousiastes face à cette option surtout que Philippe venait tout juste de raconter quelques anecdotes du Dakar. Bon bref face à l’opinion générale, notre conducteur a du se résigner à tenter le franchissement. Nous on s’est bien marrés !!!

Paroi de cascadesCourse entre Mowgli et ce charmant tahitienPetit tour aux roulottes

Et puis pour couronner cette fin de séjour, Emma gambadant joyeusement nous a gratifié d’une belle cascade roulée/boulée qui s’est terminée le lendemain matin à la clinique de Papeete. Alors là, il faut avant tout faire preuve d’une patience exemplaire car 1/ vous êtes baladés d’un service à l’autre 2/quand enfin vous atterrissez dans le service adéquat vous devez faire face à la secrétaire qui brille par son efficacité et sa rapidité d’exécution 3/vous attendez dans une salle d’attente qui ressemble plus à un rassemblement familial. Pour une consultation au service pédiatrie, vous avez l’enfant qui a rendez-vous, la mère, tous les autres enfants puis viennent se rajouter la grand-mère, la tante, la cousine, la copine, la belle-sœur et certainement la voisine qui passait dans le coin … imaginez le bordel, excusez-moi mais je ne vois pas d’autre terme pour décrire une salle d’attente où bien entendu tout ce charmant monde téléphone, mange, boit … Incroyable mais sympa !!! Enfin bref pour Emma après consultation et radio, il s’avère qu’il s’agit d’une double fracture du bras gauche en forme de motte de beurre. Rassurez-vous rien de grave cela se remet tout seul. De toute façon comme elle l’a dit « même pas mal !!! ».

Après toutes ces émotions, nous levons l’ancre pour nous rendre à Moorea. Alors à la semaine prochaine pour la suite … Bisous.

samedi 4 juillet 2009

Les Tuamotu : suite et fin

Lever de soleil à FakaravaEh oui je suis de retour. Certes en retard mais je me suis dispersée au vent de tous ces charmes polynésiens et il a fallu me secouer pour reprendre pied sur terre. Reprenons donc notre récit.
Vous connaissez ou avez entendu parler de la fameuse Armada de Rouen qui regroupe tous les 4 ans, donc à Rouen, les plus grands et beaux voiliers du monde ? Eh bien nous, nous avons constitué l’Armada des catamarans car sur une dizaine de jours nous avons sillonné et colonisé le lagon de Fakarava en bande non pas organisée mais plutôt indisciplinée avec à l’honneur les Alofi, Les Bamako, les Lo, les Sirius et les Mowgli. Quand je dis « indisciplinée » tentez d’imaginer cette horde de 10 marins « aguerris » (ou peut-être un peu vieillis) et 10 moussaillons déboulant dans les mouillages ou abordant à terre : cela fait des vagues !!! Moments extraordinaires de complicité, de fous rires, d’échanges, d’un bateau à l’autre … chaque jour nous apportant de nouvelles raisons de confirmer le but de notre voyage.

Philippe & Thierry dubitatifs devant le guindeau mythique Entre-temps nous ferons aussi la connaissance d’une fameuse équipe sur un très beau monocoque, Sauvage. De véritables connaisseurs des mers, parcourant les océans depuis 20 ans, qui nous feront partagés leur passion de l’Antarctique et de l’Alaska. D’ailleurs cela a fait naitre chez nous des envies d’aventures sous d’autres cieux (ou d’autres horizons) mais nous y reviendrons plus tard. Soyez patients je vous expliquerai cela dans un autre chapitre, restons concentrés !!! Au mouillage autour de SauvageLe 16 juin tout le monde se sépare pour d’autres rencontres ou vivre quelques instants de solitude. Pour nous, oublions totalement la solitude, nous croiserons 4 jours plus tard le chemin d’une autre famille, d’origine allemande, les Ohana. Partis comme nous depuis 2 ans, c’est la révélation et le coup de foudre pour nos filles : Mailin (3 ans) & Emma (4 ans) ne se quittent plus. Le programme initial, à l’eau, nous décidons de rester dans la passe sud de Fakarava (ah mais cette passe sud est tellement magique !) pour que ces 2 diablesses en profitent pour se chamailler, se courser, rire aux éclats, s’auto-émuler en résumé pour s’amuser. Cela nous donnera une occasion supplémentaire de partager, d’échanger, d’apprécier pleinement ces amitiés naissantes déjà très fortes. Plein de projets, de nouveaux rêves germent au fil de ces discussions, de ce mélange de personnalités qui font de ce voyage la richesse de nos vies.
Cette dernière escale est placée aussi sous le signe d’une très belle rencontre à terre. Après avoir visité la ferme perlière du magasin HAIPOE nous sympathiserons avec ses propriétaires, Emilienne et Lucien qui nous accueillerons chez eux pour nous raconter le cheminement de ce franco-suisse baroudeur jusqu’à Fakarava et sa superbe vahiné.
Vue de la ferme
Un des artisans de la ferme perlièreEt voici le résultat porté ...Allez pour finir quelques anecdotes plus ou moindre drôles. Un matin nous avons été réveillés à 4h par notre téléphone satellite. Tout de suite catastrophe, que se passe-t-il ? Et là à l’autre bout du monde, notre cher copain Moulipogne (rencontré en Guadeloupe) venant tout juste de débarquer en France, pense à nous, oublie le décalage horaire et d’une voix excitée nous raconte ses mésaventures. Jusque là tout va bien quand soudain j’entends Philippe dire « non c’est pas possible !!! » avec une voix horrifiée, je m’empresse de sauter hors du lit. Notre cher ami avait trouvé un équipier sur internet qui devait faire la transatlantique retour, je dis bien « devait » car ce pauvre monsieur est décédé brutalement d’une crise cardiaque au milieu de l’océan. Imaginez l’horreur de la situation. Quand nous avions fait notre stage de médecine d’urgence, de telles éventualités avaient été évoquées et je vous assure que cette partie n’était pas drôle, j’en ai encore des frissons qui m’envahissent rien qu’en y pensant. Alors songer que cela existe vraiment, c’est effroyable !!! Notre ami a heureusement réussi à contacter des secours, l’armée est donc venue récupérer le corps. Mon bon La Pogne je ne sais si j’oserai naviguer avec toi mais avoir de tes nouvelles nous a bien fait plaisir.

Bref fermons cette parenthèse pour un sujet plus léger. Vous savez déjà au travers de nos précédents récits que sur Mowgli les animaux sont bienvenus. Et bien voilà, je vous présente John.

John, environ âgé de 3 ans (il ne connaît pas exactement sa date de naissance car il est orphelin) un peu baroudeur et de profession poisson pilote du requin Pannauaia subit lui aussi la crise, le pauvre !, Après moult négociations nous tombons d’accord sur un tarif : 1 biscotte le matin, les restes du repas d’Emma midi et soir, 1 ou 2 petits gâteaux à l’heure du goûter et hop c’est parti nous avons un nouvel équipier. Non je vous jure, je ne plaisante pas. Ce poisson pilote nous suivra tout au long de notre périple à Fakarava : il est facilement identifiable 1-par sa taille et 2-par une petite marque sur son dos. Philippe se moquant un peu de moi quand à chaque changement de mouillage je m’empressais de vérifier que John était bien là. En revanche John a préféré rester dans son île natale que d’aller rendre visite à ses voisins tahitiens ….
Lagon Passe sud de Fakarava

Emma prête pour la culture du coprah Je soupçonne John de nous avoir quitté pour celui-ci

Nous quittons donc, suivi de Ohana, les Tuamotu plus tôt que prévu encore à cause des conditions météos qui s’annoncent et également parce que nous sommes à sec de gasoil. 2 jours de navigation sous un vent fort nous poussant trop vite, la passe de Papeete étant interdite de nuit nous tentons au maximum de réduire la vitesse de Mowgli, nous finissons même par affaler la grand-voile et réduire le génois de ¾ !!! Des vents de 30 à 35 nœuds berceront notre nuit, super pour rester éveillé et faire ses quarts !!! pour arriver au petit matin à Tahiti. Rien que d’écrire son nom, on en rêve encore …
Le samedi 27 juin 2009 après des décennies de rêves de Tahiti nous sommes là à Papeete, arrivés avec notre propre bateau : c’est le souffle coupé et les larmes aux yeux que nous nous embrassons pour fêter dignement cette étape tant désirée. A nous les îles de la Société ….