dimanche 29 mars 2009

LES GALAPAGOS en catamaran

20 mars 2009.
Commençons tout de suite par des conseils pour nos amis navigateurs car tout se dit sur comment ou non naviguer aux Galápagos avec son bateau. Alors oubliez tout, une seule façon de le faire : prenez votre courage à 2 mains, soyez très patient et contacter les autorités équatoriennes plusieurs mois à l’avance pour demander les autorisations adéquates.
2 possibilités : soit pour avoir un guide à votre bord (obligatoire) et naviguer dans certaines zones du parc, cette solution est extrêmement onéreuse, entre 4 à 6 bateaux par mois bénéficient de cette autorisation mais souvent il s’agit de bateaux de recherches.
La 2nde beaucoup plus envisageable est de demander une autorisation pour pouvoir rallier et uniquement rallier les ports de 4 iles.
Sinon comme pour tous les autres voiliers, votre 1er port d’arrivée restera votre dernier et vous devrez prendre un agent qui vous fera toutes les formalités administratives. Pour les excursions vous devez faire appel à des compagnies habilitées.
Bref cela peut paraître rébarbatif et restrictif mais c’est à ce prix que les Galápagos restent ce sanctuaire, cet havre de paix pour toutes ces espèces.

Les Galápagos ? Waouh, j’ai beaucoup de difficulté à vous exprimer en mots les sensations dégagées par cet archipel unique au monde pour sa faune et sa flore, ce sanctuaire spectaculaire qui vous fait côtoyer aussi bien des otaries, des baleines, des dauphins, des raies, des prédateurs (requins de récif, requins des Galápagos, requins-tigres, requins-marteaux, orques), des poissons multicolores énormes, des oiseaux par milliers (fous à pattes bleues, fous masqués, pinsons de Darwin, frégates …), des iguanes terrestres et marins, des tortues géantes. Chaque nouvelle excursion apporte son lot de nouveautés, d’émerveillement.

Grace aux règles d’observation strictement appliquées pour protéger les espèces des méfaits de l’homme, aujourd’hui ces mêmes espèces ne nous craignent plus et on peut désormais les approcher comme nulle part ailleurs.Un exemple ? Pour notre 1ère excursion avec nos amis Annie & Jean-Paul, nous prenons la direction de l’ile de Floreana. 2 heures de vedette rapide pour s’y rendre, et là nos 2 amis restent ébahis par la baleine croisant notre route, suivie de peu par une bande de dauphins venant pirouetter à l’avant du bateau et pour finir un banc énorme de raies. Une journée qui commençait très bien. Ensuite belle promenade dans l’ile afin de découvrir les cavernes des pirates et les fameuses tortues géantes, celles qui ont données leur nom à l’archipel, les Galápagos. Et puis l’après-midi direction 2 spots de snorkeling absolument grandioses : Annie s’est retrouvée face à un très beau spécimen de requin des Galápagos (pour une 1ère rencontre je vous assure il fallait avoir le cœur attaché) puis nous avons traversé un banc d’énormes poissons multicolores pour finir sur la merveille des merveilles, nager avec les otaries. Nous étions au milieu d’une dizaine d’otaries, très joueuses et pas peureuses, qui prenaient un malin plaisir à foncer sur vous pour s’arrêter brutalement à 1 cm de votre masque, vous regardaient dans les yeux et prenaient une grande inspiration pour vous souffler de grosses bulles sous votre nez. La 1ère fois ça surprend, vous avalez un peu d’eau, la 2ème fois vous éclatez de rire, vous avalez encore un peu d’eau et la 3ème fois vous vous dites elles ne m’auront pas et vous tentez de faire également de grosses bulles, vous oubliez votre tuba et donc vous buvez encore la tasse. Tout cela à une vitesse prodigieuse car elles sont d’une rapidité et d’une grâce inimaginables. Nous avons été entourés par ces formidables fusées marines qui s’enroulaient autour de nous, nous passaient en-dessous, en-dessus, en-travers : un ballet ininterrompu ! Le plus beau spectacle que nous n’ayons jamais vu. Et puis une otarie, particulièrement espiègle, a profité que Philippe s’était accroché à un rocher au fond de l’eau pour l’approcher par derrière, lui prendre une palme dans sa gueule et le tirait en arrière. Philippe était persuadé que c’était moi qui voulait lui montrer quelque chose : sympa d’être confondue avec une otarie ! Philippe et Jean-Paul ont vérifié la palme, elle était intacte. Il s’agissait bien de jeu. Plus tard sous nos yeux ébahis de grandes raies sauteront à la verticale à une hauteur conséquente, le guide nous expliquant qu’elles se débarrassent ainsi de leurs parasites.

Vous en voulez encore ?
2ème jour d’excursion, nous allons sur l’ile Seymour pour cette fois-ci approcher en particulier les oiseaux, notamment les fous à pattes bleues et les frégates, pas farouches non plus car n’hésitant à couver leurs œufs au milieu du chemin ou à s’exhiber avec leur parade d’amour devant nos yeux innocents … ben oui, pensez à Emma !!!
Danse erotique du fou
Voici le resultat plus tard ... Voici pourquoi on les appelle pattes bleues Les iguanes terrestres nous feront l’honneur de poser pour nos objectifs, contrairement aux iguanes marins ou iguanes de lave entassés les uns sur les autres (promiscuité de rigueur) qui auraient tendance à cracher vers vous.
Iguane terrestre Iguanes marinsEt puis nous nous sommes approchés de la plage pour admirer le jeu des otaries et profitez de ce moment pour photographier quelques spécimens fort sympathiques. seraient-elles fachees ...Le papa arrive ...Tout ça peut vous paraître étrange voire difficilement crédible car effectivement tous ces animaux sont réellement à portée de main et ne s’enfuient pas à votre approche. C’est ce qui fait la particularité des Galápagos ils n’ont, respectivement chacun sur leur île, aucun prédateur, pas plus qu’humain qu’animal, d’où leur comportement serein en toute occasion.

Je continue encore ?
Balade à cheval sur l’ile d’Isabela et découverte du volcan de la Sierra Negra avec ses tunnels de lave dans un décor de désolation digne d’un film de science-fiction, admirez ces cavaliers émérites.
Annie en tete
Le cow-boy ...
Puis on ne s’en lasse pas, nouvelles plongées avec un requin à pointes blanches, des myriades de poissons multicolores et ces coquines d’otaries le tout dans un décor hollywoodien à l’entrée d’une grotte marine. Ensuite vous allez observer les pingouins et vous finissez la journée sur un promontoire pour mirer une dizaine de requins à pointe blanche dans leur repaire de reproduction. Annie me confirmait qu’elle se sentait mieux à les observer du dessus et vous, qu’en pensez-vous ?
Et juste après le départ de nos amis, je téléphonais à ma mère quand soudain je vois une grosse otarie prendre son élan et sauter dans notre jupe. Le temps que je finisse ma conversation et que je file prendre mon appareil photo, elle était repartie : le seul prédateur qu’elle avait croisé dans sa vie, se nomme Emma !!!

Nous irons bien sûr visiter la station de recherches Charles Darwin pour rencontrer le fameux Lonesome George, le dernier survivant des tortues géantes de la sous-espèce de l’Isla Pinta. Les chances qu’il succombe aux charmes d’une femelle sont bien minces car il entre dans sa 90ème année et jusqu’à maintenant aucune n’a trouvé grâce à ses yeux.

Outre les beautés des Galápagos nous y ferons également des rencontres atypiques comme cette famille anglo-américaine (vivant en France) et partie avec leurs 2 garçons pour une année de voyage autour du monde (sacs à dos) en suivant la migration des baleines ou encore ce new-yorkais pur jus, Bob, préférant l’aventure aux Galápagos et laissant sa femme et ses enfants profiter des joies des parcs de Disney en Floride.

Une aventure en pousse une autre c’est maintenant les préparatifs pour la grande traversée du Pacifique, 6000 km et plus de 3 semaines sans terre ni escale possible. Pour moi un vrai challenge, Philippe comme d’habitude n’a qu’une envie, d’y aller. Alors allons-y, départ prévu la semaine prochaine en fonction de la météo.

Quelques photos de notre semaine avec Annie et Jean-Paul
Une Equipe de choc ...En pleine lecture ...Echauffement avant baignade avec les otaries
Jean-Paul, skipper Farniente ... Emma et son copain pelican Un nouveau pensionnaire

Traversée Panama/Les Galápagos

En route ...
13 mars 2009.
Pour notre 1ère navigation sur le Pacifique, nous pouvons l’affirmer il fut pacifique. Je redoutais un peu cette traversée qui d’ordinaire n’est guère agréable en raison de cette fameuse zone intertropicale de convergence (sous entendu le pot au noir !), eh oui, nous repassons l’équateur (j’espérais vivement qu’elle se montrerait plus clémente que pour notre transatlantique). Les 2 premiers jours, le vent soufflait suffisamment pour déployer les voiles de Mowgli et ensuite nous avons fait 4 jours de moteur, rappelez-vous, nous devions arriver pour le 21 au plus tard pour la venue de nos amis.
Nous n’avons jamais eu une traversée aussi magique, sans vague, ni aucun clapot, calme plat sous une chaleur équatoriale et une légère brise nous permettant de respirer. Aucun bateau croisé, si ce n’est un cargo filant à Panama à 18 nœuds (certainement pour être à l’heure à son rendez-vous au canal) et qui nous a gentiment salués en improvisant un petit air musical avec son klaxon.
2, 3 petites anecdotes tout de même à vous raconter pour cette navigation paisible.
Il m’a fallu inciser la plaie de Philippe en utilisant une lame de rasoir car il était convaincu que sa plaie n’était pas encore propre, cela a juste servi d’une part à me convaincre que j’avais fait le bon choix en ne faisant pas médecine et d’autre part que j’ai bien raison de ne pas souvent l’écouter !!! (Pour répondre aux nombreux mails reçus, et à la date d’aujourd’hui, sa blessure est guérie).
Le 4ème jour en fin d’après-midi je vois approcher un petit oiseau tout noir qui semblait bien décidé à faire une halte chez nous. Il était si épuisé qu’il s’est posé sur les coussins du cockpit et qu’il est resté toute la nuit avec nous. Le lendemain matin, monsieur l’oiseau a eu droit à son petit déjeuner, pain de mie imbibé d’eau, dans une jolie coupelle et 2 heures après, notre invité tout ragaillardi s’est envolé pour poursuivre son voyage. J’étais triste de son départ mais Philippe m’a rassuré en me disant que j’aurais encore tout loisir de jouer les « mères Thérèsa des animaux ». Et puis nous avons été dépités quand après 2 belles prises de thon nous avons du les rejeter à l’eau en raison de présence de vers. Incroyable ! Si quelqu’un a des infos sur ce phénomène, je suis preneuse. Donc pas de poisson au menu cette fois-ci …
Et pour finir, une seule note négative, notre Jeanne d’Arc a succombé à une manipulation intempestive d’Emma, nous l’avons donc après recueillement confiée aux bons soins de l’océan. Ame sensible s’abstenir …
19 mars 2009.
Après 6 jours nous arrivons en vue des Galápagos et voguons en direction de Santa Cruz, l’ile principale. Notre arrivée fut vivement saluée et fêtée par nos premières visions d’otaries faisant la planche pour se faire dorer les nageoires, des dauphins au loin bondissant et leur ventre réfléchissant les rayons du soleil et juste à l’entrée de la passe nous avons doublé un grand requin à pointes blanches et tout cela sous la présence ininterrompue d’oiseaux de toute sorte : que de frissons, que d’émotions, que de joie !!!

jeudi 12 mars 2009

Canal de Panama suite

Jeudi 12 mars 2009.
Et oui nous revoilà beaucoup plus tôt que prévu et non nous ne sommes pas encore aux Galápagos mais toujours à Panama City.
Cela mérite quelques explications et un bonus tout spécial, n’hésitez pas à visionner le making-off de la vidéo du canal (pour les parents de Thierry : je vous promets il avait bu !!!)

Entre contretemps et solidarité entre marins voici les raisons de notre non départ :
- Certainement qu’Alofi avait du le mériter mais ce bateau qui n’avait jamais connu de problème jusqu’à maintenant, s’est vu affligé d’une série de plaies que tout esprit judéo-chrétien estimera mérité (je répète la phrase de Philippe), plus prosaïquement une vraie guigne panaméenne : une pompe à eau de moteur inboard out, un moteur hors-bord kapout, un guindeau pour relever l’ancre hors service, une chaine d’ancre préhistorique à changer, et des travaux planifiées depuis quelques temps à effectuer (vanne des WC, anodes de salvedrive et retouches d’anti-fouling nécessitant un petit échouage volontaire). Bref pour faire court, 1 semaine plus tard tout fonctionne mais on ne s’était pas senti le cœur des les abandonner dans cette panade et un petit coup de main s’il n’était pas indispensable était pour le moins le bienvenu.

- Alors que nous étions prêts à partir, une piqûre d’insecte datant de quelques jours s’est brutalement et salement infectée sur la jambe de Philippe, nécessitant un voyage aux urgences de l’hôpital, mais surtout le lendemain l’intervention d’Hugues, un médecin navigateur très sympa, pour une incision et des soins accompagnés de repos incontournable et indiscutable pendant les 5 jours suivants.- La guérison est en bonne voie. Bref nous sommes encore là mais partirons quoiqu’il arrive samedi matin, ventre à terre et couteau entre les dents pour être aux Galápagos le 21/03 afin d’accueillir Annie & Jean-Paul.

Maintenant que l’effervescence du canal est passée, il nous faut revenir sur un épisode important. Il y a quelque temps de cela nous avons touché une patate de corail en nous aventurant un peu plus loin qu’il n’est raisonnable au fond d’un lagon. Pour paraphraser Philippe et son copain Jean-Paul, il faut parfois un peu forcer le destin. Mais là on a quand-même réussi à tordre l’axe du safran d’environ 15°, qui sous l’eau dirige le bateau. Aussitôt email à PROMETA pour diagnostiquer le mal et évaluer la conduite à tenir à court terme. Réponse immédiate et sans appel : « non, vous ne pouvez pas continuer comme ça sous peine d’aggravation de la situation et à terme voie d’eau et panne du pilote électronique ».
Nous voilà dans de beaux draps mais maintenant on fait quoi ? A nouveau réponse immédiate de PROMETA : « pas de problème dans 4 jours un safran neuf part du chantier par UPS et sera à Shelter Bay Marina à Colon 5 jours plus tard ». Bon c’est bien la confiance en soi mais là on s’est dit qu’ils faisaient peut être preuve d’un bel optimisme. Fabriquer et expédier une pièce de 2 mètres de haut et d’environ 40 kg pour que nous la recevions sous à peine plus d’une semaine !
Que nenni, il fut fait comme il fut dit et dans les temps impartis. Bravo! Ne restait plus à Philippe avec son célèbre acolyte Thierry qu’à enlever le vieux et à remonter le nouveau en passant sous le bateau et en refixant le tout en lieu et place. J’ai eu peur un moment que cela prenne plus de temps que les 9 jours de la 1ère étape mais non, ils ont assuré et en une ½ journée et une bouteille de plongée plus tard, tout était en place, perçage et boulons compris. Comme quoi Philippe ne sait pas changer une ampoule à Rouen mais sait démonter un moteur au Belize ou « faire des travaux sous-marins » à Panama. Il va falloir que je médite sur les mérites de la motivation masculine eut égard aux circonstances !!!

Profitons de ce mouillage beaucoup plus « habité » que les autres à cause de l’entonnoir qu’est le Canal de Panama pour vous présenter un échantillonnage de nos voisins et des rencontres que nous faisons au fil de l’eau. Cette petite liste n’est évidemment pas exhaustive mais image l’immense spectre des rencontres possibles.

HISTOIRES DE VOISINS.

SAMBA : un trimaran jaune qui à l’escale se transforme en voilerie pour retailler des spis, réparer des grands voiles, fabriquer des tauds de soleil.
GENESIS : un petit bateau rouge en acier habité par un allemand, grand spécialiste de soudures en tout genre y compris inox et alu !, qui vient chez vous avec son matériel si nécessaire pour réparation ou fabrication de structures métalliques. MORMAÏ : nos voisins, 2 jeunes et beaux brésiliens, qui après un exploit en planche à voile, ont réussi à se faire sponsoriser pour un voyage autour du monde tout frais payé y compris le bateau. Ils ont une caméra pro et filment leur voyage pour financer tout cela auprès d’une télé brésilienne. Philippe trouve que ça fait plusieurs fois que ces Don Juan s’ancrent très proche de nous ! Ah bon ??!! …

BLUE BOTTLE & BLUE MOON : 2 bateaux américains qui mettent un point d’honneur à naviguer autour du monde à l’ancienne avec des bateaux dans leur état d’origine, un peu comme un rallye de voitures de collection.HOOLIGAN : un vrai « flotteur » comme on les appelle, toujours beatnik sur un bateau en acier où la peinture empêche la rouille de tomber.LO : un joli cata très rapide avec une famille très sympa vivant en Calédonie dont le challenge est de faire le tour du monde en 2 ans. Bravo, challenge en passe d’être réussi ! Hugues est médecin et est toujours content de soigner les uns et les autres avec une gentillesse sans pareille. On est bien placé pour le savoir !BELON : cette famille belge est partie des Antilles pour un an et compte aller jusqu’en Polynésie avec leur 3 jeunes enfants où ils revendront leur bateau et rentreront en Belgique. Un bon exemple pour ceux qui hésitent à partir ou qui pensent qu’il y a moins de solutions que de problèmes. Le skipper, vous ne pouvez pas le rater, il part tous les matins dans Panama depuis 3 semaines en quête de la pièce de secours du jour !

SONG OF THE SEA : un superbe yacht à voile d’au moins 40 mètres, de toute beauté et d’une classe avec équipage professionnel de 4 personnes ! Philippe plus tard se verrait bien capitaine quelques années pour un riche armateur, lui emmenant le bateau aux différentes destinations dans le monde où son propriétaire aimerait en profiter. Moi mon rêve ce serait d’en être le propriétaire …

Et puis plein de bateaux tout simplement qui pour 1 an, 2 ans, 5 ans ou une vie, ont décidé de profiter du temps, des rencontres, de la liberté du choix des destinations, du vent pour le windsurf. Des bateaux pour qui comme nous le maître mot reste curiosité, et découverte des gens, des cultures, des histoires, des pays. Des gens qui veulent profiter d’eux et de leur petite famille.
Quelques photos supplémentaires de nos chers bambins dans le parc de la Punta Culebra où nous étions partis en exploration pour traquer le paresseux. Les prochaines images ? Certainement les otaries !!!

Cherchez le paresseux !!!


A dans 15 jours pour la suite ....