jeudi 4 novembre 2010

New Zealand : octobre 2010 - 1ère partie

New-Zealand : fin septembre et octobre 2010.

Pendant qu'Emma et moi étions confiées aux bon soins et traitements de faveur de nos amis australiens, Philippe & Vincent subissaient stoïquement les méfaits d'une mer révoltée : vents et vagues face à eux. D'une traversée qui s'annonçait inconfortable, ils ont vécu la pire crainte d'un marin : la prise d'eau de mer ...

Pendant que les filles goûtaient aux mets australiens, les garçons eux subissaient les aléas d'une mer hachée : le mal de mer ...
Pendant que les filles parcouraient les allées du zoo de Sydney les yeux exaltés, les garçons les yeux écarquillés voyaient de l'eau entrer à grands flots ...
Pendant que les filles se faisaient maquiller, les garçons se faisaient ravaler par des trombes d'eau jaillissant de notre cabine avant ...
Pendant que nous nous pâmions de beauté devant cette majestueuse Baie de Sydney, les garçons se glaçaient d'effroi devant les déchirures de l'aluminium sous leurs fesses ...




A partir de ce moment, pour eux comme pour nous, la villégiature était terminée. L'angoisse a commencé à prendre le dessus et chaque mail échangé était synonyme de soulagement. Point besoin de relater en détails les heures de stress mais soyons fiers de ces 2 sacrés bonhommes qui ont su garder la tête froide et gérer la crise pour en limiter les dégâts.

Tout d'abord on ralentit le bateau.
- 1er constat : 400 litres d'eau de mer par heure : il faut pomper chacun son tour,
- 2ème constat : la structure déchirée sous notre lit est également déchirée dans la cabine bâbord : il faut colmater au mieux et avec ce que l'on trouve pour limiter les entrées d'eau et surtout empêcher la plaque avant de trop bouger et de se déchirer totalement.
Il reste encore beaucoup de miles à parcourir ...
- 3ème constat : Mowgli est solide, les hommes sont calmes et confiants : le bateau ne coulera pas. (Petit aparté : à la réception de cette nouvelle, j'ai bu un bon verre de vin, ça calme et ça se fête !!!).

Il leur a fallu bricoler, faire preuve d'imagination et de sang-froid pour arriver à bon port, 6 jours après le début du sinistre et 10 jours après leur départ de Nouméa. 6 jours, pour nous à terre, à vivre dans l'angoisse d'une autre catastrophe car connaissant Philippe, je savais qu'il minimisait la situation pour diminuer l'inquiétude.

Mais le monde de la mer s'il apporte parfois des désagréments et des épreuves montre également cette formidable solidarité entre navigateurs. Entre Gaby & Richard (voilier Riga2), déjà précieuses aides lors de notre passage du Canal de Panama, qui étant en visite en Nouvelle-Zélande en camping-car, ont abandonné leur plan pour nous retrouver et l'arrivée des Steen toute affaire cessante, cette galère a pris des allures de rassemblement "d'expert-technico-ingénieur-j'ai des bonnes idées-et bonne volonté", avec de bonnes soirées tous réunis pour noyer notre chagrin et nous rappeler quelques bonnes anecdotes et penser au futur.


Tout le monde a participé et encore mille mercis à vous tous qui n'avez pas rechigné même aux tâches les plus ingrates. Imaginez lorsque nous avons sorti tous nos vêtements, linge de lits, et effets personnels ayant macérés dans l'eau de mer pendant 6 jours : bonjour l'odeur pestilentielle et le poids ! Au moins cela aura fait des heureux : le pressing!

Vidage également de tous les coffres sous les planchers avec boites de conserves déjà bien attaquées par la rouille et bien évidemment sans plus aucune étiquette. Nettoyage des fonds dans cette fange assez répugnante composée donc de toutes ces étiquettes, de tampons, coton et kleenex ... Et oui l'eau a tout envahi et s'est engouffrée dans chaque caisse où étaient entreposées nos réserves. Bref après de multiples sacs poubelle, de multiples allées et venues pour vider les 2 cabines avant (et de plus tous les livres à faire sécher!), démontage complet des structures lit et là aberration, même Philippe ne s'attendait pas à une telle ampleur.

Bien entendu Mowgli a été sorti rapidement et les experts et ingénieurs compétents sont entrés en jeu.

Allez quelques photos ...

Petit tour à l'extérieur,

la grosse déchirure que vous voyez c'est sous notre lit !
déchirure le long de la coque bâbord ....

Et maintenant passons à l'intérieur ...

Vision de ce qui reste de notre cabine,
et notamment de notre lit ...Fissure principale sur 2 mètres de long,En gros plan ...Démontage des plafonds et stockage dans la cabine d'Emma (la pauvre elle n'a même plus accès à ses jouets)
Vous vous doutez bien que Mowgli étant inhabitable durant toute la période des travaux, nous avons donc loué un appartement pour y stocker également tout ce qui était récupérable et tout ce qui pouvait encombrer la bonne marche de ces travaux. En toute franchise et honnêteté j'ai passé peu de temps sur Mowgli car voir mon bateau dans un si triste état, j'en ai l'estomac encore serré.

Un peu de renseignements techniques maintenant qui vous expliqueront le pourquoi "c'est arrivé" et le comment "ça n'arrivera plus". Je laisse la place à Philippe.

" Personne ne s'explique pourquoi ce bateau bien conçu et bien construit par-ailleurs avec les structures adéquates aux bons endroits etc., pourquoi disais-je sous les 2 cabines avant d'une surface totale d'environ 10m² il n'y avait aucun renfort structurel alors qu'il y en a partout ailleurs ?

Après plus de 24 heures à cogner dur dans une mer très formée et du vent à 35 noeuds établis et au près, les plaques à force de travailler en flexion ont fini par se dessouder et se désolidariser des coques. Les photos parlent d'elles-mêmes.

Le bon point c'est qu'entre l'expert maritime que nous avons contacté, la société Néo-zélandaise très réputée qui effectue les réparations (CIRCA Marina) et surtout l'expertise pro de mon ami Terry, le bateau a été expertisé sous toutes les coutures. Il est en parfait état, rien d'autre n'a bougé et avec les modifications que nous effectuons en ce moment il sera à son meilleur niveau pour la suite de l'aventure. Considérons cela comme un ultime débogage ou déverminage comme dirait mon copain Jean-Paul même si c'est carrément plutôt le boulot des concepteurs et architectes de prévoir ça plutôt qu'une telle mise en situation"précaire"!

En résumé les 2 cabines avant ont été totalement démontées, les 2 plaques incriminées sous nos couchettes ont fini d'être découpées et remplacées, les structures intérieures repensées et refaites avec de nouvelles membrures et des soudures plus conséquentes, mais surtout le dessous a été complètement recalculé avec des renforts jusqu'à l'avant du bateau dont certains sont, en plus, des brises vagues et des goussets de protection pour les soudures plus sollicitées.

Vincent qui voulait de l'aventure a été servi, tu peux revenir quand tu veux car j'étais quand-même plus que content de t'avoir avec moi vieux frère ! (il doit y avoir moyen la prochaine fois de repousser encore un peu les limites !?).

Tout ça représente 1 mois de travail avec entre-deux et pendant une semaine complète mon copain Terry qui m'a revu toutes les connections électriques douteuses qui avaient pris l'eau et surtout refait tous les branchements des pompes de cales (ça peut servir). Je vous passe la centaine d'autres améliorations réalisées : avec Terry quand il n'y en a plus, il y en a encore ! Merci encore d'avoir sauté dans un avion avec toute la famille pour nous venir en aide pareillement. "

Ecrit par Philippe

Un nouveau petit tour en images.

Notre cabine intégralement protégée pour éviter des projections de soudure Découpage de la plaque déchirée avec Terry qui fait coucou de ce qui était auparavant notre lit.
Après la pêche dans les trous de glace, nous sur Mowgli, on a inventé une méthode plus directe, la pêche du lit !!!
Reconstruction de la plaque
On passe maintenant à l'extérieur avec la consolidation de la structure ...

Bon et bien il ne reste plus qu'à faire de même du côté bâbord ... Alors à dans quelques jours pour la fin des travaux.

Cette fois-ci, c'est à vous de nous souhaiter bon courage.

Bye bye ...