samedi 4 juillet 2009

Les Tuamotu : suite et fin

Lever de soleil à FakaravaEh oui je suis de retour. Certes en retard mais je me suis dispersée au vent de tous ces charmes polynésiens et il a fallu me secouer pour reprendre pied sur terre. Reprenons donc notre récit.
Vous connaissez ou avez entendu parler de la fameuse Armada de Rouen qui regroupe tous les 4 ans, donc à Rouen, les plus grands et beaux voiliers du monde ? Eh bien nous, nous avons constitué l’Armada des catamarans car sur une dizaine de jours nous avons sillonné et colonisé le lagon de Fakarava en bande non pas organisée mais plutôt indisciplinée avec à l’honneur les Alofi, Les Bamako, les Lo, les Sirius et les Mowgli. Quand je dis « indisciplinée » tentez d’imaginer cette horde de 10 marins « aguerris » (ou peut-être un peu vieillis) et 10 moussaillons déboulant dans les mouillages ou abordant à terre : cela fait des vagues !!! Moments extraordinaires de complicité, de fous rires, d’échanges, d’un bateau à l’autre … chaque jour nous apportant de nouvelles raisons de confirmer le but de notre voyage.

Philippe & Thierry dubitatifs devant le guindeau mythique Entre-temps nous ferons aussi la connaissance d’une fameuse équipe sur un très beau monocoque, Sauvage. De véritables connaisseurs des mers, parcourant les océans depuis 20 ans, qui nous feront partagés leur passion de l’Antarctique et de l’Alaska. D’ailleurs cela a fait naitre chez nous des envies d’aventures sous d’autres cieux (ou d’autres horizons) mais nous y reviendrons plus tard. Soyez patients je vous expliquerai cela dans un autre chapitre, restons concentrés !!! Au mouillage autour de SauvageLe 16 juin tout le monde se sépare pour d’autres rencontres ou vivre quelques instants de solitude. Pour nous, oublions totalement la solitude, nous croiserons 4 jours plus tard le chemin d’une autre famille, d’origine allemande, les Ohana. Partis comme nous depuis 2 ans, c’est la révélation et le coup de foudre pour nos filles : Mailin (3 ans) & Emma (4 ans) ne se quittent plus. Le programme initial, à l’eau, nous décidons de rester dans la passe sud de Fakarava (ah mais cette passe sud est tellement magique !) pour que ces 2 diablesses en profitent pour se chamailler, se courser, rire aux éclats, s’auto-émuler en résumé pour s’amuser. Cela nous donnera une occasion supplémentaire de partager, d’échanger, d’apprécier pleinement ces amitiés naissantes déjà très fortes. Plein de projets, de nouveaux rêves germent au fil de ces discussions, de ce mélange de personnalités qui font de ce voyage la richesse de nos vies.
Cette dernière escale est placée aussi sous le signe d’une très belle rencontre à terre. Après avoir visité la ferme perlière du magasin HAIPOE nous sympathiserons avec ses propriétaires, Emilienne et Lucien qui nous accueillerons chez eux pour nous raconter le cheminement de ce franco-suisse baroudeur jusqu’à Fakarava et sa superbe vahiné.
Vue de la ferme
Un des artisans de la ferme perlièreEt voici le résultat porté ...Allez pour finir quelques anecdotes plus ou moindre drôles. Un matin nous avons été réveillés à 4h par notre téléphone satellite. Tout de suite catastrophe, que se passe-t-il ? Et là à l’autre bout du monde, notre cher copain Moulipogne (rencontré en Guadeloupe) venant tout juste de débarquer en France, pense à nous, oublie le décalage horaire et d’une voix excitée nous raconte ses mésaventures. Jusque là tout va bien quand soudain j’entends Philippe dire « non c’est pas possible !!! » avec une voix horrifiée, je m’empresse de sauter hors du lit. Notre cher ami avait trouvé un équipier sur internet qui devait faire la transatlantique retour, je dis bien « devait » car ce pauvre monsieur est décédé brutalement d’une crise cardiaque au milieu de l’océan. Imaginez l’horreur de la situation. Quand nous avions fait notre stage de médecine d’urgence, de telles éventualités avaient été évoquées et je vous assure que cette partie n’était pas drôle, j’en ai encore des frissons qui m’envahissent rien qu’en y pensant. Alors songer que cela existe vraiment, c’est effroyable !!! Notre ami a heureusement réussi à contacter des secours, l’armée est donc venue récupérer le corps. Mon bon La Pogne je ne sais si j’oserai naviguer avec toi mais avoir de tes nouvelles nous a bien fait plaisir.

Bref fermons cette parenthèse pour un sujet plus léger. Vous savez déjà au travers de nos précédents récits que sur Mowgli les animaux sont bienvenus. Et bien voilà, je vous présente John.

John, environ âgé de 3 ans (il ne connaît pas exactement sa date de naissance car il est orphelin) un peu baroudeur et de profession poisson pilote du requin Pannauaia subit lui aussi la crise, le pauvre !, Après moult négociations nous tombons d’accord sur un tarif : 1 biscotte le matin, les restes du repas d’Emma midi et soir, 1 ou 2 petits gâteaux à l’heure du goûter et hop c’est parti nous avons un nouvel équipier. Non je vous jure, je ne plaisante pas. Ce poisson pilote nous suivra tout au long de notre périple à Fakarava : il est facilement identifiable 1-par sa taille et 2-par une petite marque sur son dos. Philippe se moquant un peu de moi quand à chaque changement de mouillage je m’empressais de vérifier que John était bien là. En revanche John a préféré rester dans son île natale que d’aller rendre visite à ses voisins tahitiens ….
Lagon Passe sud de Fakarava

Emma prête pour la culture du coprah Je soupçonne John de nous avoir quitté pour celui-ci

Nous quittons donc, suivi de Ohana, les Tuamotu plus tôt que prévu encore à cause des conditions météos qui s’annoncent et également parce que nous sommes à sec de gasoil. 2 jours de navigation sous un vent fort nous poussant trop vite, la passe de Papeete étant interdite de nuit nous tentons au maximum de réduire la vitesse de Mowgli, nous finissons même par affaler la grand-voile et réduire le génois de ¾ !!! Des vents de 30 à 35 nœuds berceront notre nuit, super pour rester éveillé et faire ses quarts !!! pour arriver au petit matin à Tahiti. Rien que d’écrire son nom, on en rêve encore …
Le samedi 27 juin 2009 après des décennies de rêves de Tahiti nous sommes là à Papeete, arrivés avec notre propre bateau : c’est le souffle coupé et les larmes aux yeux que nous nous embrassons pour fêter dignement cette étape tant désirée. A nous les îles de la Société ….