jeudi 11 février 2010

Gambier : épisode 3 / du 1er au 11 février 2010

Les Gambier : du 1er au 11 février 2010
(English version below)

Petit aparté sur le Cyclone Oli en Polynésie Française.

Et parce que vous avez tous entendu parler de ce cyclone OLI qui a secoué la Polynésie Française, je voulais en quelques mots vous faire vivre les événements tels que nous les avons vécus. Mais autant vous le dire, aux Gambier, nous étions totalement à l’abri si ce n’est très inquiets pour nos amis qui eux le subissaient.
Tout d’abord finissons-en avec tout suspens et à notre grand soulagement tous nos amis et connaissances n’ont eu à subir aucun dommage. Les hommes, femmes, enfants et bateaux sont saufs.
Mais nous avons suivi avec beaucoup d’attention l’évolution de cette dépression en cyclone et son parcours. Nous sommes restés connectés sur les ondes locales, RFO, seul moyen de communication dans ces catastrophes. Je voulais souligner leur professionnalisme et leur implication. Outre la qualité des intervenants expliquant les consignes de sécurité, le suivi du cheminement du cyclone, les nouvelles de chaque ile après son passage ; ils ont laissé aussi une grande partie de leurs ondes libres d’accès aux auditeurs. Ceux-ci demandaient des éclaircissements, ou envoyaient des messages de soutien, ou transmettaient des prières mais plus souvent il s’agissait de messages personnels, émouvants destinés aux membres de la famille qui n’étaient plus joignables, des messages d’amour …. C’était vraiment poignant. Et aussi sans contexte l’utilité indéniable de cette radio qui permettait aux maires des différentes localités de transmettre des messages, soit à la population, soit à leurs équipes. Un vrai travail de solidarité, des messages pleins d’espoir : une belle leçon d’humanité.

Les Gambier épisode 3

Pendant que nous suivions avec beaucoup d’attention les évolutions du cyclone Oli et ses répercutions sur les iles touchées, le temps aux Gambier quant à lui se remettait au beau. Après le soulagement provoqué par la fin du passage d’Oli et d’un bilan somme toute positif, la vie a repris son cours à Rikitea.
Des nouvelles têtes sont apparues, comme ce bateau australien, Commitment , qui ralliant normalement sans escale Puerto Montt (Chili , Patagonie) à Sydney (Australie) soit environ 10 000 km, s’est octroyé une petite pause en raison de la mer déchainée pour cause d’Oli.
Nous avons eu aussi une drôle de surprise quant soudain des vagues de touristes allemands « blancs comme neige et blonds comme paille », moyenne d’âge 70 ans, ont débarqué dans notre paisible village de Rikitea. Provenance de ce paquebot : Ile de Pâques et il devait rallier Moorea et Tahiti : alors grande question, qu’est devenu le Christopher Columbus qui est parti en mer pour arriver exactement au même moment que le cyclone ??? Ont-ils rejoué un remake de la Croisière s’amuse version horreur avec la croisière s’amuse dans des vagues de 6 mètres OU se sont-ils inspirés des Révoltés du Bounty pour se lancer à l’assaut d’un atoll et y creuser un bunker ?
Autre fait marquant de cette semaine, le concours organisé à et par l’école pour sélectionner les meilleurs chanteurs et danseurs qui iront représenter les Gambier lors d’un grand rassemblement à Papeete. Tous les parents étaient présents pour admirer, ovationner et encourager tous nos petits rejetons. La représentation a duré plus de 2 heures et quelle représentation! Une ambiance formidable avec des enfants du CP jusqu’au CM2 faisant preuve de volontarisme, d’enthousiasme et de sérieux dans des chorégraphies réussies et de beaux costumes traditionnels. On peut souligner la prestation époustouflante de 2 enfants, j’enrage de n’avoir pu filmer, notre caméscope ayant rendu l’âme. Bon rien à voir avec nos spectacles de fin d’année dans notre bonne région rouennaise, ici les enfants c’est pieds nus, pagnes et noix de cocos, tresses de feuilles de bananiers et chants mangaréviens.


























Ensuite rien de tel qu’un bon « ahimaa » pour fêter dignement l’arrivée du soleil, la fin d’Oli et la présence de la fille et petits-enfants de nos chers amis du voilier Pitcairn.
Commençons d’abord par vous expliquer ce qu’est le ahimaa. C’est un terme tahitien qui désigne le four tahitien : « ahi » signifiant « feu » et « maa » la « nourriture. Ce type de cuisson se fait à l'étouffée et demande une longue préparation. Les polynésiens pratiquaient le ahimaa tous les dimanches, c'était une coutume mise en place par les missionnaires catholiques mais aujourd’hui il n’est pratiqué que 2 ou 3 fois l’an par chaque famille.
La veille du repas, un trou est creusé d'environ 50 à 80 cm de profondeur et 2 mètres de diamètre. Il est ensuite rempli de bois et de bourre de coco, auxquels on met le feu afin d'obtenir des braises. On y dispose des pierres volcaniques ou morceaux de corail qui chauffent à blanc et permettront de conserver la chaleur tout au long de la cuisson. Le lendemain matin, on dépose tout d’abord des nattes afin de protéger les aliments du feu. Puis on dispose les différents ingrédients en couches successives : porcelet entier, uru (fruit arbre à pain), taro (chou de Chine),le poe (préparation sucrée à base de fruits tels que bananes, papayes …), manioc, patates douces, pain coco et j’en passe, les mets les plus délicats sont enveloppés dans des feuilles de bananiers. Enfin le tout est recouvert de feuilles de bananiers puis par une couche de sacs de coprah avec des pierres aux bordures. Le four est enfin comblé par une couche de terre qui permet la cuisson à l’étouffée pendant plusieurs heures. Ensuite on retire couche par couche et l’odeur alléchante vous chatouille les narines. Tous les aliments se mangent avec du lait de coco et du mitihue (sauce de coco fermenté) : UN REGAL.

Tout cela organisé chez Denise et Edouard (qui fournissent également les bateaux en légumes et fruits) où nous avons été reçus comme des rois et autant vous dire nous nous sommes régalés. 2 jours de franche camaraderie, de copieux repas, de détente absolue dans un cadre idyllique et puis dimanche fin d’après-midi, fin du week-end et retour au village de Rikitea : cause école !!!

Allez, je vous quitte, j’en ai assez raconté pour aujourd’hui. La suite dans une prochaine page. En attendant nous vous souhaitons une excellente semaine : attention à nos amis qui sont au ski, tous nos encouragements à notre amie Cathy, une star de la course en montagne et qui pour s’échauffer court le marathon de la St Valentin à Tahiti, et toutes nos félicitations à ma cousine Emilie pour son score à son 1er semestre de master en Archéologie (j’en profite pour lancer un appel : elle recherche des fouilles archéologiques pour son stage : si quelqu’un peut faire l’aider, n’hésitez pas à me contacter et un grand merci d’avance) et encore un bon anniversaire à notre Louise qui fête ses 20 ans.
On vous embrasse tous et à très bientôt.
And english version :
Because probably most of you have had some news about the cyclone « Oli » that hit French Polynesia, I want to tell you in a few words what happened the way we saw it. But first of all let me tell you that here in the “Gambiers” we were completely sheltered, away from it and worried for our friends facing it directly.
Don t worry and to cut a long story short, we were relieved to know that none of our friends had any damages. Crews as well as ship are safe.
But we followed very closely the evolution of that storm to cyclone and his track. We stayed connected on the FM radio, the only way of having news during that period. I want to underline their professionalism and commitment: it was fabulous from them to allow everybody to speak, give or ask for news from island to island just before or just after the worst moments, not forgetting the quality of the speakers explaining the security procedures and track of the cyclone. One could ask for special infos or were praying for their family or supporting them, it was very moving, lots of love for unreachable people. No question about the utility of this radio when again the mayors were giving messages to people as well as team “working” outside. A real team work with solidarity, full of hope and very humanely.
While we were following all that and the consequences very closely, the weather here in the Gambiers was starting to be nice at last. At the end of the alert, the evaluation was not too bad and life came back to normal in Rikitea.
Some new people have arrived, like this Australian boat, “Commitment” on his way from Puerto Mont in Chile to Sydney (roughly 10000 km !!). He decided to get some rest because of the very uncomfortable sea due to Oli.
We also had quite a surprise when suddenly a bunch of German tourists “ whyte as snow and blond as straw” (sorry for the translation of a French expression!), with an average of 70 years old, arrived in our quiet village of Rikitea. This liner was on his way from Eastern island to Moorea and Tahiti, so the big question is what happen to the Christopher Columbus who left us just before the big cyclone alert ??? Maybe a special “Love boat” episode in a middle of six meters high waves, or a new Bounty to find their own atoll and hide themselves ?
Another very special moment this week was the dance contest at school to choose the group of singers and dancers that will go the Tahiti, in the name of the Gambiers for the big annual festival. All the parents were there to admire, cheering their children. The show last for more than two hours and what a show! A great atmosphere with children from 6 to 10 years old enthusiastic, focus on the choreography in their traditional costumes. We can notice the very special breathtaking performance of two children, I am so sorry that our camcorder is out of order. Nothing to do with what we were used to see in our good Normandie, here the children are barefoot, wearing banana leaves costumes and coconuts decorations and mangarevians songs.
Then we experienced an « Ahimaa « to celebrate the “sun come back”, the end of the cyclone and the arrival of Benard and Doudou’s daughter and great children.
To explain you what a “Ahimaa” is, it s a Tahitian word for an oven: “Ahi” means fire and “ maa” means food. This type of cooking is in the ground and needs a long preparation. The Polynesians used to do it every Sundays when it was initiated by the catholic missionaries, but it happens now only two or three times a year by each family.
The day before you have to dig a hole of 2 square meters and roughly 50 to 80 cm deep. You fill it with wood and coconut and stones on the top that will keep the heat during the cooking, light the fire and wait until you get embers. Then you lay some coconut leaves to protect the food then you put the different type of food, a whole little pig, uru ( fruit of the bread tree), taro, the poe (sweet dish bananas, papayas, )manioc, potatoes, coco bread, and more. Some of them are packed in bananas leaves to protect them. At the end you cover everything with bananas leaves, stones, and ground. You have to wait 4 or 5 hours then you open it and I can tell you it smells really great! Everything will be eaten with coconut milk and mitihue (fermented coconut sauce): DELICIOUS!
The one we were invited at was at Denise and Edouard’s house that welcomed us like kings and queens. Two very friendly days in a great area, talking, eating, enjoying people and Sunday afternoon end of the week end and back to Rikitea village, because tomorrow morning school !
It s time to leave, I told you enough for today. We wish you a very good week, be careful to our friends skiing, all our support to Cathy for her marathon, congratulations to my cousin Emilie and Louise for their results for fall terms. By the way Emilie is looking for archaeological work placement if anyone as some infos …)And of course a great and very good birthday to our Louise for her 20st year.
Many kisses and see you soon !